Résurrection d’un couple : dimanche 26 avril.

Le texte de l’évangile, sur le site de l’AELF.

Pour situer le texte :

     Nous voilà chez Luc, sautant d’un texte à l’autre, d’un point de vue à un autre. Littérairement, c’est plutôt indéfendable. Mais peut-être y a-t-il aussi cette expérience positive à faire de ces points de vue croisés : ils sont une invitation à revendiquer aussi notre propre point de vue, notre propre expérience du ressuscité. Après tout, la foi se fonde sur le récit de ces expériences, toutes subjectives, toutes personnelles. Ainsi donc, le fondement même appelle notre propre expérience, elle a sa place aussi dans cette diversité. C’est ce qui permet à un Bernard de Clairvaux d’écrire, dans une de ses « homélies sur le Cantique », « Nous lisons aujourd’hui dans le livre de l’expérience.« 

     Dans l’évangile de Luc, toute la fin se déroule en une seule journée : il y a d’abord le petit matin où les femmes viennent au tombeau, constatent qu’il est ouvert et que le mort ne s’y trouve plus, voient « deux hommes en habit d’éclair » qui leur annoncent qu’il s’est relevé, et vont le dire aux apôtres qui ne les croient pas, même si Pierre fait le déplacement pour le même constat. Ensuite, « ce même jour« , deux disciples faisant route vers Emmaüs découvrent Jésus avec eux et rentrent en hâte à Jérusalem pour l’annoncer aux Onze. Enfin, alors même qu’ils sont en train d’en faire le récit, Jésus se tient au milieu d’eux, se fait reconnaître, leur donne mission et leur enjoint d’attendre en ce lieu la « puissance d’en-haut« , puis les conduit vers Béthanie et devant eux est emporté au ciel. Quelle journée ! (Cela n’empêche pas le même Luc, dans son tome 2 des Actes, de dire que tout cela s’étale sur quarante jours ! Ac.1,3. Mais c’est qu’il veut faire coïncider le don de l’Esprit avec la fête de Pentecôte)

     Le texte qui nous est donné aujourd’hui est au centre de cet ensemble, c’est le récit des deux pèlerins d’Emmaüs. On pourra en trouver ici un premier commentaire, qui me semble, à part une allusion désormais caduque, toujours valable.

Mon modeste commentaire :

     Une première réflexion naît de ce qui vient d’être dit : le passage d’Emmaüs s’inscrit dans une progression très étudiée chez Luc, qui est un écrivain plutôt avancé dans l’art d’écrire. Inscrire tout cela dans une seule journée, c’est sans doute pour bien en marquer l’unité. Les trois temps que nous avons dégagés dans la journée de la résurrection, chez lui, sont comme trois étapes : le constat d’une absence, la découverte d’une présence, enfin le lien avec les Ecritures et la mission. Notre passage est donc rédigé par Luc, le seul des quatre évangélistes à nous le rapporter, comme le déroulement emblématique d’une rencontre avec le ressuscité. C’est sous cet angle que je me propose de suivre cette fois le fil de ce long récit.

     « Et voici : deux d’entre eux, en ce même jour, étaient en train de voyager vers un village éloigné de soixante stades de Jérusalem, Emmaüs [en] était le nom… » La première chose qui nous est dit est qu’ils sont deux. C’est bien sûr le chiffre du témoignage : celui-ci n’est considéré valable qu’attesté par au moins deux témoins. C’est aussi la condition des disciples, envoyés toujours par deux, pour mieux attester bien sûr, pour se déposséder aussi, car on sait bien que mener une œuvre à deux n’est pas du tout la même chose que la mener seul, à son idée. Mais pour nous, sans ignorer ces éléments, nous pouvons aussi prendre simplement le fait brut : ils sont deux. Nombreux sommes-nous à être ainsi dans la vie, à deux. Deux qui sont [ex aoutoone], « d’entre eux« , mais aussi avec l’idée d’être sorti, d’être tiré de. Ils ont quitté le groupe. Quel groupe ? Le groupe précédemment nommé est celui des Apôtres, mais le Cléophas nommé à peine plus loin ne fait pas partie du groupe des Apôtres. Il s’agit donc sans doute de disciples, de ceux qui suivaient aussi le Maître, sans pour autant être agrégés aux Douze. Mais ils sont partis. Ainsi sommes-nous parfois partis à deux.

     Il y a une image qui montre cela, dans la célébration des mariages. Au début de la célébration, les époux (en général chacun leur tour, mais pas forcément : ils peuvent aussi entrer ensemble) entrent dans le lieu de la célébration et passent au milieu de tous : famille, amis, connaissances, tous sont venus pour eux, parce qu’ils les connaissent et les aiment. Et ils passent au milieu parce qu’ils s’appuient sur ce groupe, cet ensemble, ces relations. Mais ils ne s’arrêtent ni l’un ni l’autre au milieu de ce groupe, ils vont plus loin, ils vont au-delà. Ils dépassent toute l’assemblée pour être là où ne sont plus qu’eux, seuls en quelque sorte. Ce qu’ils ont à bâtir, le chemin qu’ils vont parcourir (et qui est déjà commencé, sans quoi ils ne seraient pas là !), est unique, ne ressemble entièrement à rien d’autre. Ils sont eux aussi « deux d’entre eux« , ils sont sortis d’entre eux.

     L’image, me semble-t-il, convient bien : ils sont « en train de voyager« . Vivre à deux, c’est bien effectuer un voyage, avec des buts qu’on s’est donné. Ici, pourtant le but a quelque chose de dérisoire. Emmaüs n’est pas autrement connu. C’est un nom qui pourrait bien venir de l’hébreu [hamat] signifiant « source chaude« . Un site correspondrait assez, à environ trente kilomètres à l’ouest de Jérusalem, un petit village devenu la petite ville de Nicopolis au VII° siècle (et depuis détruite), et qui se trouve justement là où la route de Jaffa se divise en deux, entre la voie du nord et la voie du sud. La « croisée des chemins », en quelque sorte. Leur but n’est donc probablement qu’une étape, celle d’une bonne journée de marche, avant d’aller encore ailleurs. Et il en va ainsi de la vie à deux, elle connaît des étapes, les buts ne sont pas toujours clairs ni connus, ce que l’on voudrait avant tout c’est de marcher à deux, ensemble. Pour Luc, cette condition semble capitale pour la rencontre du ressuscité : on ne marche pas seul vers cette rencontre, elle se fait parce que l’on marche ensemble.

     « …et ils échangeaient l’un avec l’autre au sujet de toutes ces choses survenues. » Ils échangeaient. Le verbe grec signifie fondamentalement « avoir commerce« , il désigne clairement l’échange, et pas un échange qui ne serait que verbal. [omiléoo] signifie aussi être sur pied d’égalité, il signifie se rencontrer mais aussi bien avec l’aspect positif de se rassembler qu’avec l’aspect négatif d’être aux prises ! Et il est encore employé pour avoir des relations conjugales : on voit que toute cette famille de sens décrit finalement assez bien tout ce qui fait une vie à deux, un chemin entamé à deux, avec les choses concrètes que l’on fait ou que l’on se partage, les échanges verbaux, les moments qui rassemblent et les moments qui opposent, la vie sexuelle, etc. Ici, les deux ont un sujet d’échange, ils se livrent l’un à l’autre des pensées ou des sentiments au sujet de « toutes ces choses survenues« , formule par laquelle Luc résume tout ce que le lecteur a lui même parcouru jusqu’à ce point : vie et ministère de Jésus, mais bien sûr plus immédiatement sa passion, sa mort, et l’émoi provoqué par l’annonce des femmes le jour-même. C’est un deuxième point qui me parait important à souligner chez Luc pour la rencontre avec le ressuscité : il y a un voyage ensemble, mais il y a aussi des échanges, et qui portent sur ce que chacun vit, pense, ressent, au jour le jour.

     « Et il advient dans leur échange et recherche que Jésus lui-même, les rejoignant, voyageait avec eux, or leurs yeux étaient forcés de ne pas le reconnaître. » Au cœur même de ces échanges survient du neuf. Il y a un devenir à ces échanges, ils ne sont pas stériles, malgré leur apparence répétitive et un peu vaine, qui fait que parfois, on laisse le silence s’installer, on va plus loin qu’Emmaüs en prenant l’un la route du nord et l’autre la route du sud. Non,  l’apparente banalité de tout cet échange ne doit pas conduire à le délaisser, parce que c’est là qu’advient du nouveau. Luc emploie ici deux verbes à l’infinitif : échanger (que l’on vient de détailler) et [sudèètéoo] qui signifie « faire des recherches avec » ou « discuter avec« . L’échange a pris un tour de débat, c’est-à-dire que chacun perçoit la différence entre ce qu’il apporte et ce qu’offre l’autre. Et l’on cherche. Pas forcément à faire prévaloir son sentiment ou son avis, mais en tous cas à concilier des choses manifestement très (et peut-être de plus en plus) différentes. La dynamique est bien celle de l’union, mais il semble à voyager et échanger que l’on parte de toujours plus loin ! Car si l’unité est le fait d’avoir commune origine (et éventuellement de diverger à partir de là), l’union est une convergence à partir d’origines distinctes, c’est un tout autre sport ! Je note que Luc a employé deux verbes à l’infinitif (ce que je ne parviens pas à rendre dans ma traduction), c’est-à-dire qu’il considère ces deux réalités d’échange et de recherche d’union, à la fois comme des dynamiques et comme au point mort. Echec apparent de deux dynamismes essentiels et pourtant entretenus, en vain apparemment.

Zünd_Gang_nach_Emmaus_1877
Robert Zünd, Gang nach Emmaüs (1877), Huile sur toile 119 x 158, Musée des Arts, St Gallen. Ils sont bien petits dans ce vaste chemin, mais la lumière est au bout même si c’est à l’ombre que marchent les trois compagnons -car il est avec eux. Et tous trois vont franchir un pont sans même s’en apercevoir et entrer dans la lumière.

    Or voilà que c’est justement à ce point que Luc nous dit que « Jésus lui-même, les rejoignant, voyageait avec eux » [én’guidzoo], c’est s’approcher, rejoindre, et même être proche parent ! C’est à ce moment même, dans cette expérience même, que Jésus est « les rejoignant ». Pourquoi ? N’est-ce pas parce que lui-même vit dans cette dynamique d’union apparemment en échec ? N’est-ce pas justement cela, la croix ? En tous cas il est de leur voyage, il converge avec leurs buts, pas à cause de leurs réussites, mais parce qu’il continuent d’y tenir. N’est-ce pas merveilleux ? Se dire que l’on tient toujours à échanger, que l’on recherche toujours l’union et d’autant plus que l’on constate nos différences, c’est accueillir le ressuscité lui-même, mystérieusement sur le même chemin.

     Mais là non plus, ce n’est pas constatable : « or leurs yeux étaient forcés de ne pas le reconnaître » Il y a une force qui s’exerce sur leurs yeux, [kratéoo] est bien un verbe qui parle de pouvoir et de domination (comme dans démocratie ou ploutocratie). Et cet innommé qui contraint les yeux a pour effet qu’il n’est pas reconnu. C’est bon à savoir : si nous ne reconnaissons pas le ressuscité dans ce moment de nos vies, c’est parce qu’il y a un pouvoir qui s’exerce sur nous, que quelque chose nous en empêche. Quoi ? Ce n’est pas dit. Peut-être les préoccupations du moment : c’est si souvent, en ce qui me concerne, qu’à simplement chercher un objet avec un représentation particulière de celui-ci, où un lieu dans lequel je m’attends à le trouver, je ne le vois même pas alors qu’il est sous mes yeux ! Ce que Luc nous dit en tous cas, c’est que la rencontre avec le ressuscité commence alors même que nous n’en avons pas la moindre conscience. Elle n’en est pas moins effective et réelle.

     Le nouveau compagnon, dont les deux ont à peine conscience, va entrer dans leur conscience par une question qui est en même temps une interprétation. Il leur demande de quoi ils parlaient, il leur demande de reformuler pour lui ce qu’ils se disent, ou plutôt d’éclaircir le sujet de leur conversation. Cela, c’est une invitation à revenir à l’essentiel, car dans les « échanges » nombreux et divers d’un couple, on perd vite le sujet essentiel, on se disperserait facilement. Mais la question est posée avec une nuance interprétative, à partir d’un autre point de vue, car il demande littéralement : « Que vous balanciez-vous en marchant ? » Lui a une interprétation plus violente de leurs échanges, il les saisit et les observe comme des choses qu’on se jette à la tête.  « …et ils s’arrêtent chagrins. » Sans doute s’arrêtent-ils de marcher ? Ou tout simplement ils s’arrêtent de se… disputer. Leur recherche commune est insensiblement devenue dispute. Ce n’est pas « grave », dans la mesure où il s’agissait toujours de chercher les voies de l’union, mais la forme en est devenue plus âpre, et c’est ce qu’il leur fait gentiment remarquer. On peut comprendre alors leur chagrin : chagrin de ce dont ils parlent, chagrin aussi de la forme qu’a pris leur échange. Comment ne pas être triste de constater que les relations entre eux-deux ne sont plus ce qu’elles étaient ? De constater que, pour d’autres au moins, mais donc avec une certaine dose de justesse, les relations ne sont plus aussi sereines et simples et paisibles ? Mais souvenons-nous avec Luc (il faut vraiment s’accrocher à ce fil) que ce constat est le premier contact conscient avec le ressuscité. Dans ce constat, il est là. Et c’est son œuvre, que de le faire.

     Il vont se mettre à expliquer à un tiers, donc autrement, ce qu’il en est de leurs échanges et de leurs recherches. Le tiers est à un moment nécessaire. Les tiers, même, dirai-je : aucun couple ne s’en sort sans amis, sans autres relations, qu’elles soient celles de l’un ou de l’autre, ou qu’elles soient celles de l’un et de l’autre. Mais dire à des tiers ce que l’on vit, ce que l’on cherche, ce que l’on ressent, c’est le dire au ressuscité. Et cela permet de vider l’abcès : »Or nous, nous espérions que c’est lui qui était à même de sauver Israël. » Un espoir est mort, un espoir qui était commun. Et cet espoir, au fond, tenait à l’interlocuteur non identifié. Ç’en est presque comique, qu’ils le disent précisément à celui qu’ils ne reconnaissent pas ! Quand ils en viennent à cette profondeur, à dire qu’ils comptaient certes l’un sur l’autre mais surtout et avant tout sur ce tiers, sur le ressuscité, ils se sont ouverts de tout. Ils sont prêts à ressusciter eux aussi, ils sont prêts à la rencontre.

     « Certaines femmes pourtant des nôtres, nous ont ébahis, … » De fait, ils enchaînent immédiatement sur une espérance, sur un espoir qui est re-né, ou qui n’ose renaître. Ils ont été trop malmenés pour être prêts à croire à du vent : ce qu’ils ont traversé les a rendus attentifs à ce sur quoi ils se fondent, ils savent ne pas pouvoir et ne pas vouloir compter sur ce qui est creux, sur ce qui ne tient pas. Et ils sont toujours ouverts par cette annonce dont ils ne savent que faire : le verbe [ex-istèmi] dit bien qu’ils sont hors de, -ce que j’ai essayé de rendre par « ébahis« . Cette ouverture suffit à laisser entrer les paroles du troisième compagnon, aussi rudes soient-elles.

     « Et ils s’approchaient du village où ils se rendaient, et lui fait en outre de se rendre plus avant. » Comme Jésus les a rejoint, ils rejoignent à leur tour, mais eux, c’est le village vers lequel ils faisaient voyage qu’ils rejoignent. Lui est prêt à plus, on sent qu’il voudrait les emmener plus loin, « plus avant » dit expressément le texte grec. Il en fait plus : on peut traduire par « faire semblant« , mais cette fiction me parait un peu surfaite, un peu facile. Il en rajoute, il fait plus que leur attente. Il y a de la part de notre couple une violence : le verbe [parabiadzomaï] est formé autour de [bia], la violence. C’est employer la force à l’égard decontraindre, violenter. Et quelle est cette violence ? C’est de le faire s’arrêter, en lui disant que le jour baisse et que eux s’arrêtent. Les mots ne sont-ils pas exagérés ? Pas si le désir de Jésus de « faire en outre » est lui-même violent, immense. Qu’auraient-ils découvert de plus s’ils avaient osé, si la crainte du soir ne les avait arrêté ? Mais ils ont tout de même osé le garder avec eux, ce tiers qui est devenu compagnon de leur route, à qui ils ont tant dit et qui leur a tant parlé.

     Il rentre avec eux, il se met à table, il fait des gestes qu’ils reconnaissent, « or d’eux sont entrouverts les yeux et ils le reconnaissent : et lui devient caché d’eux. » La puissance qui les rendant incapables de voir s’est levée, une autre l’a vaincue. Voilà qu’ils savent maintenant qui ils ont rencontré et c’est le moment même, comme par un système de vase communiquant, où lui leur devient caché. Ce ne sont plus leurs yeux qui sont empêchés, c’est lui qui se dérobe. Ils l’ont vu, mais ils n’ont plus besoin de le voir. Ils savent qu’il est là. Et c’est ce qu’ils se disent l’un à l’autre à l’instant même : « Est-ce que notre cœur n’était pas brûlant comme il nous parlait sur le chemin, comme il nous ouvrait les Ecrits ? » Ils prennent conscience qu’il était avec eux, déjà. Leur intelligence n’avait pas saisi ce que pourtant leur cœur sentait. C’est toujours long, le chemin de la tête au cœur, c’est un des plus longs à parcourir dans l’existence. Mais cet éclair leur fait prendre conscience de la nature et de la réalité de la rencontre avec le ressuscité : elle n’est pas dans cet éclair de lucidité aussitôt fini, elle est de tout le chemin, « sur la route« . Pour Luc, la rencontre avec le ressuscité est un chemin, celui d’une vie peut-être. Et il est tout au long sur ce chemin, pourvu qu’on soit deux, pourvu qu’on avance, pourvu qu’on échange, pourvu qu’on cherche, et quelles que soient les formes que prennent ces choses.

     « Et ressuscitant à l’instant même ils retournent à Jérusalem… » Le mot de Luc est significatif de ce qui s’est produit dans cette rencontre : eux aussi sont ressuscités.  Ils ne restent pas à part, ils vont retrouver les autres. Et le récit, en fait, n’a pas de conclusion, qui serait une sorte de mort du récit : le récit s’enchaîne dans le récit suivant, sans qu’on puisse les séparer. Non, quelque  chose dans notre couple de pèlerin ne mourra plus et c’est la vie qu’ils ont reçue à nouveau et se sont en quelque manière redonnée en s’ouvrant à celui qui est avec eux, qui vient avec eux et qui, caché, ne les quittera jamais.

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