En ces jours-là, après une pareille détresse, le soleil s’obscurcira et la lune ne donnera plus sa clarté ; les étoiles tomberont du ciel, et les puissances célestes seront ébranlées. Alors on verra le Fils de l’homme venir dans les nuées avec grande puissance et avec gloire. Il enverra les anges pour rassembler les élus des quatre coins du monde, depuis l’extrémité de la terre jusqu’à l’extrémité du ciel.
« Mais en ces jours-là après cette pression-là, le soleil sera obscurci, et la lune ne donnera plus son éclat, et les étoiles seront à tomber hors du ciel, et les puissances, celles dans les cieux, seront ébranlées. » En face des « jours » de catastrophe et d’angoisse terrible dont il a été question jusqu’à présent, se dressent d’autres « jours », et ce face-à-face est caractérisé par un « mais ». Les « jours » précédents sont marqués par une « pression », mais ils auront un « après ».
Et dans cet après, les repères rassurants et fondamentaux ne sont plus ceux que l’on avait jusqu’à présent : « le soleil s’obscurcira », ce ne sera plus de lui, de sa magnifique lumière, de sa douce chaleur, que viendra ce qui calme et qui rassure, la sensation de goûter des instants délicieux ; «la lune ne donnera plus son éclat », ce ne sera plus elle qui rendra la nuit un peu moins obscure, un peu moins inquiétante ; « les étoiles seront à tomber hors du ciel», ce ne seront plus elles à donner cette impression d’éternité, cette profondeur unique ouvrant sur l’infini ; «les puissances célestes seront ébranlées » quelles que soient ces puissances, bonnes ou mauvaises, voilà qu’elles n’auront plus tous pouvoirs. Des représentations figuratives anciennes montrent souvent cela par un ciel sous la forme d’un parchemin que l’on renroule.

Mais alors d’où viendra la paix, la lumière, l’espoir et la force ?
« Et alors ils verront [eux-mêmes] le fils de l’homme venant dans les nuées avec beaucoup de puissances et de la gloire ; » celui-là sera le véritable annonciateur de la « fin », du but tant désiré et en passe d’être enfin atteint, touché, possédé. Ce sera lui, la source de la paix, de la lumière, de l’espoir et de la force. Au point de faire pâlir et d’éclipser tout ce qui a précédé.
Il est annoncé comme « le fils de l’homme », le titre que Jesus à choisi de prendre pour d’auto-désigner, et que nul n’a osé lui attribuer parce que c’est un titre paradoxal : titre de gloire en soi (tel qu’il est forgé dans les courants apocalyptiques), mais démenti à l’évidence par les faits, tant les actes de Jesus sont sans éclat, sans brillant, et aboutissant à l’échec, la condamnation, la souffrance et la mort, choses totalement exclues du concept de « fils de l’homme ». Où est la différence alors ? S’il n’a pas échappé à l’échec, s’il n’a pas pu faire de ce monde un monde différent et délivré de tout ce qui nous angoisse, comment serait-il la personne clé pour « ces jours-là », pour en faire des jours qui s’opposent aux jours d’angoisse et de « pression » ?
D’abord, « ils le verront », et même « ils le verront eux-mêmes » : le verbe suggère une vision directe, immédiate, non par un autre. Une évidence. Qui est ce « ils » ? Ce n’est pas précisé. Ce peuvent être soleil, lune, étoiles et puissances célestes, ce peuvent être aussi tout un chacun, les croyants, mais aussi justement ceux qui récusent leur témoignage. Ce sera le temps de l’évidence incontestable. Il sera « venant sur les nuées », c’est-à-dire prenant l’initiative d’une rencontre, rendant plus courte et même achevée la longue marche du peuple croyant, mais aussi manifestant clairement son origine céleste, qui n’a actuellement rien d’évident. Ainsi vient l’amour, d’en haut et à notre rencontre, avec une effet d’achèvement. Et il viendra aussi « avec beaucoup de puissances et de la gloire », fédérant les puissances autour de lui et en entraînant la plupart dans son élan (même si, aussi, en laissant un petit nombre toujours opposées, mais semble-t-il vaincues puisqu’incapable de s’opposer à sa venue évidente).
« et alors il enverra les messagers et rassemblera en outre les choisis des quatre vents depuis l’extrémité de la terre jusqu’à l’extrémité du ciel. » Cette venue sonnera l’heure du rassemblement : c’est une autre difficulté que celle de la dispersion des croyants. On ne sait pas ce que chacun porte en soi de secret élan, de parenté avec le dieu, de recherche authentique pour aller à lui. Mais cette apparition à l’évidence du « fils de l’homme » aura aussi pour effet de faire apparaître en chacun, chez tous, ce qui rassemble : et ce sera là l’unité véritable, elle aussi comme une évidence. Oui ce sera vraiment un autre « jour« , une tout autre lumière, que celle qui fera apparaître chacun dans le meilleur de soi, et rendra évident aux yeux de tous ce meilleur de chacun !