Faut y aller ! : dimanche 19 juillet.

Le texte de l’évangile, sur le site de l’AELF.

     J’ai proposé précédemment un commentaire général de ce texte, qui fait suite à celui de la semaine dernière : nous sommes toujours dans le regroupement que Matthieu fait des paraboles de Jesus.

     Ce qui me frappe cette fois-ci, c’est d’abord la multitude des comparaisons : le royaume des cieux est comparable à …. un homme qui…, ou bien à une graine ou encore à un levain… Ce sont des réalités tellement différentes ! En rapprochant ces paraboles, il me semble que Matthieu nous invite à prendre conscience de ce fait que le royaume ne se laisse enfermer ou « comprendre » par aucune idéologie. La  variété et la disparité des comparaisons débordera toujours les explications qui voudraient en épuiser le sens. Par ailleurs, ces comparaisons sont toujours bien concrètes, bien terriennes. Le royaume « des cieux » ne dit pas ainsi son « lieu », il est inauguré et construit sur la terre, dans la vie d’ici, et non pour plus tard ou pour un hypothétique « autre monde » : il est « des cieux » par origine, par l’initiative d’un « fils de l’homme » qui vient « des cieux ». Il s’agit bien d’un royaume, ou d’un règne, ou d’une royauté (les trois mots, distincts en français comme en hébreu, sont les même en grec comme en latin) pour ce monde, pour le transformer. Ce qui nous invite à ne pas fuir ou chercher à s’échapper de ce monde, à ne pas le considérer négativement.

      De ce fait peut-être,  et c’est la deuxième chose qui me frappe, ce royaume paraît compromis : je veux dire qu’il se compromet avec les réalités de ce monde et est du coup difficile à voir. L’ivraie n’est pas souhaitée, et pourtant elle est là, avec des risques d’étouffer le blé. Les oiseaux du ciel ne sont pas des fruits de la moutarde sauvage, et leur poids risque fort de casser la plante. Ce qui nous invite à ne pas craindre les imperfections de ce que nous faisons ou ce que d’autres font : ni les imperfections, ni les aberrations. Elles sont inévitables. Elles sont l’effet d’une action, d’une croissance en ce monde comme il est, avant transformation mais justement pour qu’il soit transformé.

     Ce n’est pas que tout doive ultimement être gardé : l’ivraie sera jetée au feu. Mais la croissance est à présent plus précieuse que la « pureté » : la vie plus précieuse pour changer ce monde que la pureté des moyens ou l’absence d’ambiguïté. Il convient juste de ne pas être aveugle, de rester averti de la présence d’éléments hétérogènes, et qui éventuellement grandissent eux aussi. Pas de peur, mais un discernement constant. Engageons-nous dès lors, sans craindre les ambiguïtés de notre action, et sans cesser de les chercher néanmoins afin de n’en pas être dupes, dans la construction du royaume : ici, maintenant. Regardons aussi avec bienveillance, mais non sans esprit de discernement, les actions des autres : eux aussi construisent le royaume, peut-être même à leur insu ? Et sûrement eux aussi avec quelque ambiguïté.

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Déplacement d’accent : le Moyen-Age qui produit ce vitrail est attentif surtout à la fin, au jugement final. Mais est-ce bien là le but de la parabole ?

     Une dernière chose enfin qui me frappe cette fois-ci : c’est la modestie des commencements. Le blé semé, on ne voit plus rien ; et à cause de l’ivraie, lorsque les pousses commencent à paraître, on ne voit pas bien du tout. La graine de moutarde est toute petite. La part de levain est très faible lorsqu’elle est mêlée à l’impressionnante quantité de farine. Ainsi aussi, les actions menées en faveur du royaume sont caractérisées par leur modestie initiale. Ce n’est jamais « grand chose ». Et pourtant…. Cela aussi me paraît une bonne nouvelle : la modestie de ce que nous entreprenons au regard de l’attente immense ne doit pas nous retenir. Il y aura bien des obstacles, il y aura bien des œuvres contraires, qu’importe ! Ce qui compte c’est d’aller, de commencer. La vie est dans tout ce qui naît, dans tout ce qui commence.

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