Le texte de l’évangile, sur le site de l’AELF.
Ça y est, on avait passé le premier mois, et mon petit bout grandissait bien ! Je n’avais pas vu le temps passer, occupée à plein temps que j’étais avec lui. C’était plus quand il était dans les bras de mon Joseph que je le voyais grandir : au début, quand il le prenait, ça me permettait surtout de dormir un peu et je ne voyais pas tout. Mais maintenant je les regardais attentivement et je n’avais pas l’intention d’en perdre une miette ! Comme il savait le regarder intensément maintenant ! Et quand Joseph lui faisait des petites grimaces, qu’il faisait bouger son visage, comme mon bébé le suivait des yeux ! C’est en les voyant ensemble que je me suis vraiment aperçue qu’il savait vraiment s’accrocher, se serrer lui-même contre moi. Il le faisait, je le savais mais sans le savoir en quelque sorte… Je voyais bien aussi qu’il lui parlait tout doucement, mon Joseph, et ça le faisait sourire largement. J’en étais tout émue, même si je n’arrivais pas à entendre ce qu’il lui disait. Il est comme ça, mon Joseph : quand il me parle aussi, il parle tout doucement, et je le comprends plus avec le cœur qu’avec les oreilles ! C’est un grand silencieux, vous savez, mais il voit tout, il comprend tout. Quand je le vois si attentif au bébé, je suis tellement fière qu’il soit son père !
Au vrai, il pense à tout. Enfin presque…, mais il y a des choses qu’il ne laisse pas passer. Ainsi, c’est lui qui m’a dit qu’on arrivait au bout des quarante jours : il m’a même dit les choses d’une manière que je n’oublierai jamais. « Nous arrivons à quarante jours, il faut monter à Jérusalem pour notre purification ». Il a bien dit « notre », il s’est entièrement associé à moi. Je voudrais bien que toutes les femmes aient la même chance que moi ! Je ne sais pas si c’est parce que c’est lui qui m’avait aidé pour l’accouchement ? Il avait compris sans que je lui dise, il m’avait tirée à part de la salle où il y avait tout le monde. Il ne m’avait rien expliqué, comme d’habitude, mais je m’étais laissé conduire, parce que je sais bien qu’il devine ce que je voudrais, parfois même quand ce n’est pas encore clair dans ma tête ! Mais ce n’est pas forcément pour cela : il a pu me dire ça comme ça, simplement par solidarité, pour que je ne sois pas seule, pour que je ne me sente pas « moins » que lui. En tous cas, c’est bien lui qui a pensé à cette échéance, on dirait parfois que la Loi aussi, il la sent de l’intérieur.
C’est lui aussi qui a tenu à faire l’offrande de rachat du premier-né masculin. J’en ai été émue, très émue même : parce qu’après tout, cet enfant, il n’est pas de son sang. Et il le sait bien. Jamais ne s’efface de mon cœur la confiance qu’il me fait : il ne m’a pas posé de question quand il m’a devinée enceinte -et j’ai vu qu’il devinait tout de suite-, j’ai juste vu dans ses yeux son amour sans condition. Il m’a simplement proposé, comme nous étions déjà mariés par contrat, de me prendre chez lui. De « m’enlever », puisqu’on n’est pas très riches. Un moment, j’ai été tentée de lui raconter, mais j’ai compris que ce n’était pas la peine, que ça n’ajouterait rien, et qu’il serait plus sensible à ce que je m’abandonne à sa confiance. Et c’est ce que j’ai fait. Lui, il a trouvé une joie nouvelle, il travaillait avec un entrain tout nouveau, il préparait plein de choses. Quelquefois, il venait poser sa tête sur mon ventre, il m’entourait d’une multitude d’attentions.
Mais là, l’offrande du rachat -deux petites colombes, puisqu’on n’est pas très riches-, j’en ai eu les larmes aux yeux. Même devant le dieu, il se posait comme père. Et je sais bien que ce n’est pas en rival, je le connais. Mais dans la transparence de son silence, il disait « c’est mon fils ». J’ai su que c’était la vérité de son cœur et de sa vie. J’ai su à cela que c’était vraiment son enfant, lui aussi sans condition. Et qu’il donnait aussi sa vie pour lui, comme pour moi. Je n’ai jamais douté qu’il m’aime, ni qu’il aime mon bébé pour l’amour de moi. Et là j’ai su qu’il aimait aussi l’enfant pour lui-même, qu’il aimait SON enfant.

Il en a été récompensé peu après. Il y a eu cet homme, ce vieillard, qui m’a pris mon bébé : je n’avais aucune envie de donner mon bébé à un inconnu, mais j’ai vu son bras déjà en berceau, j’ai compris que c’était spécial et sans danger pour lui, alors malgré la pointe qui me perçait le cœur je me suis laissé prendre mon enfant. Et puis j’ai senti Joseph tout prêt à bondir, paisible mais fort, et tout attention. Ce vieillard a chanté un chant très émouvant, comme un adieu à la lumière d’ici-bas parce qu’il aurait maintenant vu celle d’en-haut. Et puis, devant notre étonnement, il s’est tourné vers nous, et il nous a béni comme « ses parents, son père et sa mère ». Et là,… là ! J’ai vu mon Joseph qui fondait, les larmes au bord des yeux, la lèvre tremblante. Dans le temple, on l’avait appelé « père », du nom qu’il revendiquait silencieusement un instant avant dans le secret de son cœur.
En vérité, il n’y a rien de pire, pour un père qui n’est pas « génétique », de s’entendre appeler autrement que « père ». Le nom « papa », ce n’est pas la même chose, il peut bien aller à un autre, c’est une histoire ce nom-là. Mais tous les beau-père, père-adoptif, père nourricier, tout ce qui n’est pas purement et simplement « père », c’est cela qui fait mal. Parce que c’est comme une remise en cause de l’essentiel, du secret du cœur. Or il n’y a que par ce secret que ce père est père : c’est très pur, mais très fragile parce qu’immatériel. Je crois que ce sera bien que j’apprenne au bébé à l’appeler « papa » et aussi « mon père ». Je sais maintenant qu’il le désire, et que c’est sa récompense, et que c’est sa vérité, et donc que c’est véritable. Je ne les tromperai ni l’un ni l’autre. Oui, c’est ce que je vais faire désormais, et résolument.
Et depuis que nous sommes revenus à Nazareth, je fais ainsi, et le climat de la maison est merveilleux.
…. pour ceux qui voudraient un commentaire plus « classique » du passage, vous pouvez cliquer ici ! Et je vous souhaite à tous de très belles fêtes de Noël ! « Fêtes comme vous pouvez ! »

je ne sais si cette adresse permet de vous répondre. Dans l’attente de votre réponse. J’aurai quelque chose à vous dire. Merci Je@n [image: Image]
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Oui oui : vous pouvez répondre !
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Dans votre texte du 27 12 20,
vous dites : » En vérité, il n’y a rien de pire, pour un père qui n’est pas « génétique », de s’entendre appeler autrement que « père ». …
C’est tellement rare de lire enfin de telles choses !
Encore que… il me semblerait que vous n’allez peut-être pas assez loin dans l’affirmation :
Jésus n’a pas de père biologique. Jésus n’a pas de père. Point !
C’est écrit noir sur blanc. C’est le Dieu très haut qui « couvre Marie de son ombre ». En général c’est plutôt le conjoint qui fait cela ! !
Mais on nous a tellement raconté d’histoires et nous avons acquis un tel sens dévoyé du sacré que nous nous n’osons pas … dire un sacrilège.
Disons le : nous avons peur de la vérité.
Nous avons peur qu’on nous saccage nos plantes vertes ! qu’on nous enlève les sécurités que nous nous sommes données !
Autrement posée, la question est « Qui est le père biologique de jésus ? » Et il nous faut bien constater que, humainement, c »est une question qui restera éternellement sans réponse. Mais qui ose la poser ainsi ? Si enfin on accepte de reconnaitre que ce bébé est un mamzer, un bâtard, disons-le, ça change beaucoup de choses. Et ça lui donne une valeur encore supérieure car né dans les difficultés de trouver sa place dans la société, il a dû se battre, faire l’expérience de l’exclusion pour arriver à devenir une manifestation de l’amour et de la miséricorde qu’il attribuait à son père.
Modeste, Va !
A vous lire.
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Merci de ton commentaire, cher Jean.
… et on peut continuer de se dire « tu » !!
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